vendredi 15 janvier 2016

Isla Navarino

Bonjour à tous.

Petit retour de nos aventures que l’île Navarino où nous avons passé une petite semaine. L’internet ici est assez lent, je vais donc essayer de faire plus court que la dernière fois pour ne pas trop galérer à envoyer l’article.

  • Punta Arenas – Puerto Williams 
Je vous avais donc laissé à Punta Arenas en fin de semaine dernière, où nous devions prendre l’avion pour le bout du monde, Puerto Williams (eh oui, il ne faut pas écouter les argentins, Ushuaia est au sud mais il y a plus austral !). Nous nous sommes donc rendus à l’aéroport vendredi 8 janvier à 8h pour un décollage aux alentours de 10h30. Pas de petit avion de 9 places comme prévu mais un avion de ligne de 90 sièges, vol beaucoup moins marrant que nous le pensions donc. Tant pis, au moins on est arrivés plus vite que l’île.

Une fois là bas, nous nous rendons au refugio El Padrino de Cécilia, une chilienne qui connaît tout et tout le monde au village, où nous nous installons au camping pour une nuit, le temps de faire des courses et de planifier le trek à venir. Quand je dis camping, je devrais plutôt dire refuge, puisque Cécilia nous annonce que “Vous êtes grands, amiguitos, vous vous débrouillez, si vous voulez planter votre tente allez-y, si vous voulez dormir dans la pièce commune allez-y !”. Nous dormirons donc au chaud dans la grande pièce à vivre du refuge-camping.

 L’après-midi sera donc consacrée à la visite du village, du musée sur l’histoire locale et à faire quelques courses. Au final, malgré l’éloignement, les prix sont quasiment les mêmes que sur le continent, à l’exception des légumes hors de prix. Merci la zone détaxée.

Un gros groupe de chiliens débarqueront du trek que nous prévoyons de faire en début de soirée, et fêterons ça à grands coups de pisco (avec Cécilia qui ne manque pas une occasion de trinquer avec les amigos touristas), nous n’arriverons pas à nous coucher avant 2h du matin…

  • Jour 1: Puerto Williams -  Lac des castors 
Nous partons à 10h30 du début du chemin où Cécilia nous a emmené en camioneta (la limousina de Cécilia est toujours prête à rendre service pour emmener ou aller chercher des gens à l’aéroport ou au départ du sentier). Le sentier démarre par 500m de montée jusqu’au Cerro Bandera, où nous trouvons fort logiquement un grand drapeau chilien.

Nous suivons ensuite la crête jusqu’à une laguna au pied du col que nous devrions d'après la carte passer le lendemain. Sauf qu'il n'est que 13h, nous mangeons donc et entamons l’ascension.


Après le col, quelques enchaînements de petits cols et quelques passages abrupts au dessus de lacs d'un bleu profond, nous arrivons au carrefour de chemins entre la route du lac Winhond et le trek des Dientes Navarino, la chaîne de montagne dont nous avons prévu de faire le tour. Nous camperons là, à côté des lacs artificiels de castors (un fléau importé sur l'île pour la fourrure, mais qui n'y a pas de prédateurs et pullule donc, détruisant les forêts).

Il n'est pas tard (16h30), mais nous avons prévu de passer une journée au lac pour pêcher le saumon et la truite avant de revenir au trek.


  • Jour 2: Lac des castors – Lac Winhond 
Après une nuit mouvementée (le vent s'est subitement levé, et les sardines n'ont pas tenues dans la terre trop spongieuse, arrachant à moitié la tente deux fois), nous déjeunons et partons pour le lac Winhond dans la fraîcheur matinale (0°C).

Le sentier est compliqué à trouver, nous passons par le deuxième sommet de l'île à 880m avec un vent à décorner les boeufs (100km/h environ, il était difficile de tenir debout dans les rafales), passons un col et descendons dans une forêt où il n'y a presque plus de marques, les arbres ayant été abattus par le vent et les castors.

Nous sortirons quand-même du bois à peu près au bon endroit, et terminons la journée par la traversée d'un marais très étrange aux airs de Mordor… Des particules étranges flottent dans les marres d'eau de couleurs étranges, le sol est très spongieux, vraiment un endroit bizarre.


Enfin, à 14h, nous voilà au refuge Charles, au bord du la Winhond, probablement le lac le plus au sud du monde ! 55°06' S !


Deux chiliens sont déjà installés dans le refuge et reviennent de la pêche, ils nous prêtent leur cane, et nous partons pêcher la truite avec notre ligne de location et leur matériel.

 À deux et pendant 3h, nous comptabiliserons 3 touches, mais seulement une truite de prise. Qu’importe, elle passera au barbecue dans la soirée, accompagnée d’une polenta, un régal ! Les chiliens pêcheront aussi une truite, tout le monde aura donc en le droit à son poisson du bout du monde.

Nuit près du poêle, qui peine malheureusement à réchauffer le refuge dont le toit à été éventré par une récente tempête.

  • Jour 3: repos au lac Windhond 
Au réveil, le temps s'est dégradé depuis la veille,  les averses de neige alternent avec le soleil. Nous avons largement ce qu'il faut en nouriture, nous décidons de rester un jour de plus au lac, et d’attendre des conditions plus sympathiques pour continuer la route. La journée sera donc consacrée à couper du bois pour la nuit (avec une hache dont la tête se détache tous les trois coups, assez peu pratique) et à faire la sieste.

Quand vient la nuit, la neige redouble d’intensité, nous nous préparons donc à partir les pieds dans le froid le lendemain.

  • Jour 4: Lac Winhond – Puerto Williams 
Au matin, il fait 0° dans le refuge, et il y a de neige à l’extérieur ¡ Les bonnes conditions espérées ne sont donc pas au rendez-vous. Tant pis, nous n'allons pas rester attendre indéfiniment, nous décidons de rentrer.

Bien habillés, nous découvrons un paysage totalement différent de celui de l’aller. Le marais est devenu une grande étendue de neige, le chemin est encore plus compliqué à trouver dans la forêt, bref, le retour va prendre plus de temps ! Au moment de monter au sommet du mont Betinelli, c'est le blizzard et 1m de neige qui nous attendent, rendant le passage du col très hasardeux… Nous ne nous atarderons pas pour regarder le paysage, de toute façon on ne voit rien.

À 17h30, nous arrivons à la laguna des castors, d'où l’objectif était de continuer un peu sur le sentier des Dientes pour atteindre un point de bivouac plus abriter, et camper en attendant de décider de la route à suivre le lendemain. Mais Matteo, qui n'avait pas emporté de matériel vraiment imperméable, veut rentrer directement à Puerto Williams.

Sous ma veste de pluie, mon pantalon imperméable et mes guêtres + chaussures montantes, je suis au sec, mais lui est trempé. Vu l'heure je ne suis pas motivé à continuer à galérer à avancer dans le blizzard, mais il insiste, je finis donc par le suivre. Mauvaise idée.
Les heures du retour seront les pires que j'ai eu l’occasion de rencontrer en montagne. Le vent ne se calme pas, la neige vole dans tous les sens, nous devons passer un nombre incalculable de pentes avalancheuses, des congères glacées, du verglas, etc. Nous arriverons à ma ville en vie mais après plusieurs frayeurs à 23h30, à la tombée de la nuit. Moralit: quand on part à deux, il faut que les deux aient le même niveau d’équipement, sinon autant partir seul.
Le refuge de Cécilia nous attend heureusement bien chauffé, un repas chaud et une bonne nuit de sommeil ne nous feront pas de mal.

  • Puerto Williams – continent 
Le lendemain, séance de lavage et de séchage de vêtements. Le temps ne s'est pas beaucoup amélioré, j’abandonne donc l’idée de retourner terminer le trek (qui peut se faire en deux jours),  et nous entamons la recherche d’un moyen de retourner un peu à contre coeur sur la terre ferme.

On ne peut se rendre et quitter l'île que par avion ou par bateau, avec un système de transport assez défaillant. La petite compagnie qui réalise les vols prend des réservations sans paiement, ce qui fait que les avions paraissent toujours complet alors qu'ils ne le sont pas. Ajoutez à cela que suivant les vols il y a soit 6, 12, 16 ou 90 places et vous obtenez un joli bazar ! Nous nous sommes donc rendus deux fois par jour à l’aéroport pour vérifier si il y avait des places. 
Du côté des bateaux c'est à peine mieux, le même système existe pour le ferry, qui ne part qu'une fois par semaine. Et une partie des places sont réservées aux locaux et ne se libèrent qu'au dernier moment si elles ne sont pas prises, c'est donc du pareil au même. Enfin, les voiliers. Quelques propriétaires de voiliers chiliens ont eu l'idée de faire des aller-retours payants entre Puerto Williams et Ushuaia, et ont fixé un prix très élevé, vu qu’il est compliqué de sortir par avion (150$US). Et ils font du forcing auprès de tous les plaisanciers de passage pour qu'ils ne prennent pas de passager ou au moins qu'ils demandent le même prix afin de ne pas leur faire de concurrence déloyale. Beaucoup trouvent ça scandaleux, mais s'y plient quand-même, et les autres qui décident de ne pas appliquer ce prix ne sont pas nombreux. Sur mes deux jours de recherche, même en passant plusieurs heures au yacht club, je n'ai pas réussi à trouver de voilier pas cher. Quelques français super sympathiques étaient près à nous embarquer comme équipiers, mais ils allaient à Buenos Aires ou en Antarctique, ce qui n'est pas vraiment notre route !

Au final, vendredi 15 janvier au matin, l'avion de DAP Aerovias qui est arrivé à Puerto Williams était le 90 places, dans lequel nous avons enfin réussi à rentrer ! Nous sommes donc revenus par les airs à Punta Arenas, évitant l’argentine et la Terre de Feu, très touristique et hors de prix a priori. Tous les voyageurs de l'île Navarino qui étaient passés par Ushuaia nous ont déconseillé d'y aller après avoir vu Puerto Williams, peu de regrets donc !

  • La suite
Après l’atterrissage à Punta Arenas, nous avons pris un bus pour Puerto Natales (suite à un nouvel échec de stop), où nous dormons cette nuit. Demain matin nous tentons le stop jusqu’à El Calafate, où nous irons voir le glacier géant Perito Moreno.

Les photos suivront sur Flickr quand j'aurais suffisamment de connexion Wi-Fi !


Hasta luego !

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