Bonjour de Chiloe !
Je vous avais laissé il y a une semaine à Villa O'Higgins, tout au sud de la caretera austral du Chili, me voilà maintenant sur l'île de Chiloe. Entre les deux, 1000km de route de graviers (pourrie la plupart du temps), et deux bateaux. Pas mal de galères sur cette portion, mais j'aurais fini par en arriver au bout !
- Villa O'Higgins - Caleta Tortel
Nous avons quitté Villa O'Higgins à 8h du matin, en stop planifié la veille avec une étasunienne du refuge-camping où nous étions installés. Pas de soucis ni d'attente donc, grand confort ! Les kilomètres s'enchaînent, et vient le premier bateau du voyage. Le relief et la végétation font qu'il est impossible de réaliser une route d'une seule traite dans cette région du Chili, le passage par des bateaux est obligatoire. Nous empruntons donc la barge de 11h pour 45min de navigation donc.
Quelques dizaines de kilomètres plus tard, nous prenons congé de notre chauffeur à la bifurcation pour la Caleta Tortel, un village de bord de mer construit en grande partie sur des passerelles. Nous le visiterons sous la pluie...
L'endroit est vraiment étrange, perdu au fond d'un fjord et vit au ralenti depuis que s'est arrêtée l'exploitation de cyprès, la ressource principale du lieu. Nous suivrons un mini trek pour rejoindre le sommet de la colline qui surplombe le village, la vue d'en haut est sympa ! (nous avons réussi à perdre le chemin en cours de route et avons dû couper tout droit dans les marais, ce n'est pas forcément une excellente idée !)
Après une heure de stop infructueux, nous décidons de dormir au camping gratuit du village et de retenter notre chance le lendemain. - Caleta Tortel - Cochrane
Le lendemain donc, stop jusqu’à Cochrane, la plus grande ville du Sud de la caretera australe (3000 habitants) pour retirer de l'argent et faire quelques courses. En effet, pas de distributeurs automatiques dans les villages de la caretera ! Je ne sais pas comment font les voyageurs qui débarquent directement de l'Argentine depuis la Caleta Mansilla comme nous sans être passés par le Chili avant pour retirer des pesos chiliens. Il y a intérêt à bien prévoir son coup et à changer du liquide avant ! 2h30 passés à l'arrière d'un pick-up dans la poussière, je vous laisse imaginer notre état à l'arrivée.
Nous arrivons à Cochrane vers midi, mangeons sur place, et repartons en stop... Sans succès ! Cette route est peu fréquentée, et il y a beaucoup de gros 4x4 de luxe qui ne daignent même pas jeter un oeil aux autostopeurs.
Un gardien de parc naturel sympa nous avancera un peu, et nous planterons la tente sur le bord de la route entre Cochrane et Puerto Río Tranquilo.
- Puerto Río Tranquilo
Le lendemain, de nouveau, personne. Nous marcherons toute la journée sous le soleil, mais au bord du superbe lac General Carrera (qui s'appelle lac Buenos Aires du côté argentin). Heureusement, vers 18h un ouvrier de l'entreprise assurant l'entretien de la route nous prend en stop jusqu’à Rio Tranquilo !
Afin de ne pas partir tard le lendemain, nous filons directement à l'attraction du village, les grottes de marbre (capillas de mármol) !
Spécificité géologique du secteur, cette portion du lac est bordée de marbre qui plonge directement dans l'eau bleu azur. L'érosion y a créé des grottes aux formes étonnantes, que nous visiterons en bateau.
Le lac est très profond (560m), et le marbre forme une falaise sous-marine d'une cinquantaine de mètres. Redbull y a organisé une compétition d'escalade en "deep water soloing", les grimpeurs n'étant pas assurés et tombant dans l'eau en cas de chute. Avec un maximum de 7 à 8°c l'été, je n'aurais pas aimé être à leur place !
- Cerro Castillo
Après une nuit de camping de plus, nous décidons de prendre un bus. Il y a toujours peu de trafic sur cette route, et les grottes de marbre attirent de nombreux touristes qui font beaucoup de concurrence pour tenter d'atteindre le prochain village (500 habitants à 200km encore une fois) en stop. Solution plus sûre donc: le bus.
Comme rien n'est facile ici, il faudra quand-même laisser passer deux bus avant de trouver une place. Nous retrouverons d'ailleurs Chloé, la française de Torres del Paine dans ce bus, comme quoi nous avons tous plus ou moins le même parcours !
Arrivée à Villa Cerro Castillo donc, c'est la fin du voyage pour notre grupo internacional de trekking. En effet, Matteo me quitte pour poursuivre en bus jusqu'à Valparaiso, d'où il partira pour le Pérou et la Bolivie. Je n'ai pas suffisamment de temps pour visiter correctement ces deux pays bien lointains du Sud du Chili (6-7 jours de bus au minimum), je continuerais donc la caretera austral seul.
Tchao amigo, gracias por este mes de aventura ! Cela fait en effet un mois jour pour jour que nous sommes partis, le 26 décembre.
De Villa Cerro Castillo part un trek de 4 jours (théoriques) pour rejoindre la caretera un peu plus au nord, en direction de Coyhaique, la ville de la région (30000 habitants environ). Je fais donc quelques courses avant de partir (après passage à la caisse du parce naturel comme d'habitude) sur le sentier qui monte bien raide jusqu'au pied du Cerro Castillo, une grande montagne aux pics acérés ressemblants à un grand château noir donc. Pas de chance, il y a des nuages et il pleut, je ne verrais donc que le glacier et le lac à la base du cerro...
Il y a un campement quasiment au pied du glacier, près du lac, mais vu le temps je pousserais un peu plus loin pour descendre au camp El bosque, bien plus protégé du vent et de la pluie qui arrivera inexorablement dans la nuit.
Deuxième jour de marche : montée d'un petit col et descente directe jusqu'à la caretera ! J'aurais donc mis une journée et demie (parti à 16h30 j'arriverai à 16h le lendemain) au lieu des 3 jours annoncés. Fin de journée en stop jusqu’à Coyhaique et repos en camping donc. Pas grand-chose à voir dans cette ville, mais il y a un hypermarché, paradis du randonneur revenant à la civilisation !
- Coyhaique - Puerto Cisnes - Chaitén
Après cette nuit en ville, direction la boutique de la naviera austral pour acheter un billet de bateau pour rejoindre l'île de Chiloe. Pas de chance, ils sont tous complets pour les deux semaines à venir ! Qu'à cela ne tienne, me voilà parti en stop jusqu’à Puerto Cisnes, un port à 300km au nord d'où part un ferry le jour suivant. J'espère y trouver une place de dernière minute.
Je m'installe là bas dans un camping chez l'habitant, et le gérant m'indique que le lendemain a lieu la fête annuelle du Pesca o Frito, évènement qui rassemble chaque année 8000 personnes. Étonnant pour un village de 2500 habitants. En tout cas voilà de quoi occuper ma journée d'attente. Je visiterai donc tranquillement le village avant de me rendre à la plage où a lieu la fête. Rien d'extraordinaire au premier abord, une plage, des stands de nouriture, un concert de cumbia brésilienne et de la bière, une kermesse classique en fin de compte. Sauf que l'animation d'ici c'est le tir à la corde, et bien particulier.
Prenez 200 personnes, deux grosses cordes et une maison, rassemblez le tout, et vous obtenez une maison mobile. Oui oui, c'est comme ça qu'ils tirent à la corde ici ! J'assisterai donc au déplacement de la maison jusqu'à l'eau, l'étape suivante étant de tracter la maison à travers la baie avec des bateaux le lendemain. Étonnant !
Le soir venu, les camions et les voitures s'accumulent devant la cale du ferry, je vais aussi me poster là bas pour négocier avec l'aide du gérant un ticket de dernière minute, mais rien à faire, tout est complet, et la procédure informatique blablabla les empêche de rajouter des passagers au dernier moment. Échec donc, je me retrouve une nuit de plus au camping.
Dernier plan pour traverser, me voilà de nouveau en train de faire du stop pour me rendre à Chaitén, 200km au nord. Beaucoup d'autostopeurs et peu de voitures, nous perdons un peu espoir avec deux chiliens, un autre français et une suisse après 5h d'attente. La caretera austral en stop quand personne ne s'arrête ça donne ça :
Heureusement, après ces longues heures d'attente, un fourgon s'arrête et nous propose de monter. Il s'agit de 5 collègues de travail qui s'offrent des vacances à Santiago. Nous nous retrouvons donc à l'arrière du camion en leur compagnie, entre les matelas, les valises, le barbecue etc. 5 minutes plus tard, ils prennent 5 autostopeurs de plus, nous voilà donc à 15 ! Le fourgon aura bien de la peine à monter les côtes, mais chacun arrivera à bon port, avec en prime pour moi qui les quitterais en dernier un casse-croûte offert par les amis chiliens. Groupe intergenerationel (20 à 75 ans) bien sympathique pour cette soirée de stop, qui se terminera à Chaitén à 1h du matin pour ma part.
Campement aux bord de la plage près de la station service, et réveil à 7h pour partir à la chasse au bateau ! Coup de chance, il reste des places dans le ferry de 9h, victoire ! Je parviens enfin à quitter la région de Aysén, direction l'île de Chiloe !
- Chiloe
Après une traversée de 4h, j'arrive à Quellón, au sud de l'île où je prends directement un bus pour me rendre à Castro, la capitale régionale où je rejoindrai Thomas, un ami français en stage là bas qui va m'héberger le temps de ma visite de l'île. Bons petits plats et nuit dans un vrai lit donc !
Les photos sur Flickr: https://flic.kr/s/aHsktE53sD
A bientôt !
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